« Les mots et les phrases fusaient de par- tout et, comme la pièce était fermée et sombre, ce qu’elles [les femmes] disaient était comme retenu par la vapeur et res- tait suspendu au dessus de leurs têtes. Je voyais des mots monter lentement et co- gner contre le plafond humide. Là, comme des poignées de nuage, ils fondaient au contact de la pierre et retom- baient en gouttelettes sur mon visage. Je m’amu- sais ainsi, je me laissais couvrir de mots qui ruisselaient sur mon corps mais pas- saient toujours par - dessus ma culotte, ce qui fait que mon bas - ventre était épar- gné par ces paroles changées en eau. »

_Ben Jelloun, 1985 : 34